Devant l’université de Goma, les étudiants sont assis et tuent le temps en attendant leurs cours. L’ambiance est décontractée, ils discutent entre eux et ils pianotent sur leurs téléphones. Beaucoup semblent d’ailleurs accros au mobile, à croire qu’ils ont peur de rater l’opportunité de la journée. Comment arrivent-ils à se payer des recharges en dollars alors que la plupart survit grâce à ces « fucking jobs » qui ne payent presque rien ? Difficile de savoir. En tout cas, ils voudraient bien obtenir le numéro ou le Facebook d’Ago. Après tout, un Mzunga, un blanc, est forcément riche et surement prêt à aider.
Ils étudient sans trop de convictions et n’ont pas de très grands espoirs concernant leur avenir. La méritocratie ne fait pas partie des valeurs de la RDC (bien que cela ne soit pas non plus cas en Italie ou en France, leur répond Ago). Ici, continuent les étudiants, sans « conessions » ce n’est pas la peine de rêver. Il va falloir se contenter d’un boulot qui n’a rien à voir avec ses qualifications et ses compétences.
Malgré tout, ces jeunes continuent de remplir les auditorium qui sont déjà plein à craquer. L’université dans son système comme dans son infrastructure, est défaillante. Paul, un jeune de 23 ans en fin de licence d’Ingénierie Agricole confie n’avoir jamais vu de laboratoire d’analyse de la fertilité des sols. Et puis les professeurs sont souvent absents, du fait des spécialisations qu’ils font à l’étranger. Mais les étudiants s’accrochent et tiennent bon.
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