Ago raconte:
« Je viens de rencontrer Jeanet il y a quelques jours, une vielle amie de Dorkas. Jeanet m’a donné rendez-vous sur une place sordide près du stade…puis on est allés discuter dans un « pollo broaster », une sorte de fast food du poulet frit, un de ces lieux qui te colle une odeur nauséabonde d’huile pendant plusieurs jours. »
« Jeanet est une femme très brillante qui a fait des études de secrétariat à l’école américaine. Un institut semi privé qui donne une meilleure formation et plus de chances d’embauches. Comme Dorkas, du reste. Mais le chemin des deux s’est séparé. Jeanet a eu la possibilité de rester travailler en Bolivie et d’obtenir plusieurs postes comme secrétaire, comme celui à la VARIG, la ligne d’aviation brésilienne désormais enterrée. Dorkas a perdu son travail à la cinquantaine avec peu d’espoir de se faire embaucher à nouveau…elle s’envole donc pour la Suisse. »
« Le bruits des friteuses est insupportable…pour les prochaines fois je propose à Jeanet de se rencontrer ailleurs. Elle m’invite chez elle dans le sud de La Paz. Quelques jours après je prends un taxi et je découvre une maison et son jardin bien entretenu, avec un mur et barbelé de sécurité, des meubles un peu « bourgeois ». Une maison de classe moyenne aisée …une classe qu’on pensait aujourd’hui avoir disparue…mais alors ???? »
« Je découvre que tout cela, c’est le fruit d’un père entrepreneur qui dans le passé avait à son service un vaste personnel composé d’ « indios ». Le fruit du travail de son frère, un fonctionnaire de l’ONU qui a voyagé partout dans le monde et qui vit désormais en France avec toute sa famille. Tout cela est somme toute bien loin de la réalité bolivienne. On discute de tout et de rien mais une chose est certaine: selon Jeanet le futur professionnel des boliviens n’est pas dans leur pays. La plupart des jeunes bien formés qui vont rester seront certainement obligés de gagner leurs croûtes en se mettant à vendre n’importe quelle denrée dans les marchés ou, ils pourront, avec un peu de chance, se convertir en chauffeur de taxi. La faute à la corruption, à un népotisme évident, et au manque d’emploi ».

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